« Pourquoi l’insigne honneur de fabriquer du miel
Aux seules abeilles échoirait ?
Qu’on me prenne ma part de ciel
Si à cette aventure une guêpe échouait ! »
Ainsi parlait – dans sa langue particulière-
Une petite hyménoptère
Comme sa cousine l’abeille
Velue, et jaune, et noire, ailes, et pattes, et antennes.
« Mes amies fabriquons ce nectar des bourgeons,
Ou que la confiture revienne aux cochons ! »
Et voilà aussitôt, le nid changé en ruche
Et les guêpes cigales copier l’industrie
De ces milliers d’abeilles qui vivent en fourmis !
Mais le travail seul ne vainc pas les embûches…
« Travaillons pour du miel et non pas pour des prunes ;
Réclamons qu’une abeille repère nos lacunes. »
Dame Bourdon évite de prononcer trop vite,
En silence d’abord elle inspecte le site ;
Questionne la récolte, respire le pollen,
Souligne les bévues en dardant ses antennes.
Demain, peut-être, par son travail
Son expertise fine, son regard distancié,
Les guêpes affamées feront bonne ripaille
Couronnant de succès une audace insensée.